Frédéric Louvosso

Frédéric Louvosso

Franc CFA: Faut il changer de monnaie?

Depuis plusieurs jours, le débat autour du Franc CFA est de plus en plus présent sur la scène médiatique. En effet plusieurs cadres Africains pensent qu’il est nécessaire d’« abolir » cette monnaie, qui nous lie étroitement à la France.

 

Aujourd’hui le franc CFA a une parité fixe avec l’euro et les pays de la zone franc ont l’obligation de déposer 50 % de leurs réserves de change auprès du Trésor public Français.

 

Selon un rapport de la zone franc, la BEAC et la BCEAO, les deux banques centrales de la zone CFA, disposaient en 2005 de plus de 3 600 milliards de francs CFA (environ 72 milliards d’euros) auprès du Trésor Français.

 Il ne serait pas non plus étonnant de la part de la France de prêter cet argent aux états Africains en guise d’aide au développement avec un taux très élevé.

A noter donc que ces capitaux que les états africains placent sur les comptes du trésor public Français pourraient être utilisés pour financer les économies africaines et améliorer les conditions de vie des populations. Le placement des fonds sur les comptes du trésor Français représente donc un frein pour la croissance économique du continent.

 

Cette situation pose donc le problème de souveraineté nationale c’est-à-dire est-il important pour un état de se doter d’une banque centrale pour gérer les flux d’argent de la nation ? L’économiste Babissakana répond à cette question en ces termes :

« Un Etat moderne n'existe pas sans sa banque centrale. C'est un attribut de souveraineté existentiel comme le territoire, la population, l'armée et le trésor public. Pour chaque Etat, la banque centrale est l'institution publique chargée de la politique monétaire qui consiste à fournir de manière adéquate les flux d'argent et de crédit dans l'économie de la nation. C'est une institution qui est donc au cœur même de l'existence d'un Etat, de sa souveraineté, de sa performance, de sa puissance et donc des conditions de vie ou du bien-être de sa population »

 

C’est sur cette base que je pense qu’il est important les pays de la Zone CFA puissent avoir une indépendance monétaire pour mieux gérer leurs économies et garantir un taux de croissance économique plus important pour en faire bénéficier aux populations.

Mais par la même occasion, je pose la question suivante : le changement de monnaie doit-elle vraiment être la priorité des 14 états africains ? Est-ce le CFA qui nous empêche de mettre en œuvre les politiques pour améliorer la vie de nos populations ? Comment se fait-il que dans les pays comme la Guinée, La RDC, l’Angola qui n’ont pas de CFA, les populations vivent toujours dans la misère ? Sommes-nous sure que si nous changeons de monnaie, on pourra maitriser le taux de change ? Et ne pas plonger nos peuples dans des difficultés insurmontables ?

 

Pour ma part, je pense que si aujourd’hui dans ces pays on n’arrive même pas à gérer les fonds publiques, si on n’arrive pas à assurer le bienêtre de nos populations en les garantissant une formation viable, un travail, une bonne santé, ce ne sera pas la monnaie qu’on pourra maitriser.

Je ne m’étonnerai pas d’ailleurs qu’on puisse imprimer à foison et de façon régulière des billets de banque pour subvenir à certains besoins de luxe sans tenir compte des conséquences catastrophiques que ces comportements pourraient impliquer.

 

Ainsi avant de penser au changement de monnaie, il est important que ne puissions fédérer nos énergies dans la construction des états « forts » qui puissent garantir à ces citoyens  des chances pour aspirer au bonheur  tout en ayant des droits et des devoirs.

 

C’est dans ce contexte que la bonne gouvernance doit être une des priorités des états Africain pour  garantir une égalité des chances, la paix et la justice sociale qui sont des clés du nécessaire au développement  car ce sont des valeurs qui  permettent aux citoyens de s’émanciper et de contribuer significativement à la construction de la nation.

 

C’est dans ce contexte que le président Américain Obama en s’exprimant sur la situation politique africaine a dit 

 

« Maintenant, pour réaliser cette promesse, nous devons tout d'abord reconnaître une vérité fondamentale à laquelle vous avez donné vie au Ghana, à savoir que le développement dépend de la bonne gouvernance. C'est l'ingrédient qui fait défaut dans beaucoup trop de pays depuis bien trop longtemps. C'est le changement qui peut déverrouiller les potentialités de l'Afrique. Enfin, c'est une responsabilité dont seuls les Africains peuvent s'acquitter…

En ce XXIe siècle, des institutions capables, fiables et transparentes sont la clé du succès - des parlements puissants et des forces de police honnêtes ; des juges et des journalistes indépendants ; un secteur privé et une société civile florissants, ainsi qu'une presse indépendante. Tels sont les éléments qui donnent vie à la démocratie, parce que c'est ce qui compte dans la vie quotidienne des gens ».

 

 

La monnaie est donc un instrument fondamental pour garantir la souveraineté national d’un état via des institutions publiques comme les banques centrales, pourvu que ces mêmes institutions soient dotées en mesure de faire montre d’une bonne gouvernance pour que les citoyens puissent en tirer profit.

 



21/02/2017
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