Frédéric Louvosso

Frédéric Louvosso

La diaspora Congolaise peut elle être un atout majeur pour le développement du pays ?

Avant d’abordé cette question, il incombe de définir la notion diaspora Africaine car les africains sont confrontés dans l’ensemble aux mêmes réalités.  Pour l’Union Africaine, la diaspora est décrite comme « les personnes d’origine africaine qui vivent en dehors du continent, quelles que soient leur citoyenneté et leur nationalité, et qui souhaitent contribuer au développement du continent et à la construction de l’Union Africaine »

 

En 1963, Kwame Nkrumah a dit, à la naissance de l’Organisation de l’Union Africaine (OUA), que « toutes les personnes de descendance africaine, qu’elles vivent en Amérique du Nord ou du Sud, dans les Caraïbes ou toute autre partie de ce monde, sont des Africains et appartiennent à la Nation Africaine ». Cette définition beaucoup plus large s’étend à tous les afro-descendant et s’inscrit dans une dynamique panafricaine.

 

Les personnes d’origine Africaine résidant principalement dans le monde occidental joue un rôle de plus en plus important sur le Continent Africain. En effet ces derniers effectuent des transferts de fonds pour aider les familles et des investissements qui sont pour l’instant, principalement dans le secteur immobilier.

 

En 2019, les transferts de fonds de la diaspora selon les premières estimations de la Banque mondiale étaient établis à 85,2 milliards de dollars, environ 12,20% des transferts mondiaux effectués par les migrants.

En 2019, les Congolais de Brazzaville ont rapatrié 1,8 milliards de dollars et générant 0,1% du PIB après les mêmes sources de la Banque mondiale (https://migrationdataportal.org/fr/node/607).

Dans un contexte socio-économique tendu à cause de l’augmentation de la dette interne, des difficultés de négociation avec le FMI, de la pandémie du covid-19, de successions des crises politiques, la diaspora Congolaise pourra-t-elle jouer un rôle important pour soutenir son économie ?

Dans cet article, les axes abordés seront : le tourisme, les investissements et la politique.

 

En moyenne, les Congolais qui retournent régulièrement au pays le font une fois par an. Ces derniers repartent au Congo pour voir la famille, se reposer et visitent le pays. Ces retours favorisent l’entraide familiale sous l’aspect financier, mental et émotionnel, resserrant ainsi les liens familiaux affaiblis par la distance.

 

L’économie locale, en est aussi bénéficiaire car le touriste doit se loger, se déplacer, manger et se divertir et cela ne peut faire que du bien à la situation sociale et économique.

A noter que ces vacanciers en général profitent également d’investir dans l’immobilier pour construire leur résidence principale, créant de l’emploi dans le secteur du bâtiment pendant le séjour.

 

Malheureusement la diaspora est confrontée au prix excessif du billet, ce qui ne les permet pas de rentrer régulièrement. C’est dans ce contexte que l’Etat pourrait encourager ces retours afin de rapatrier les fonds, en baissant les taxes et les redevances des aéroports (notamment celle du carburant). Ces actions pourront avoir un impact direct sur la réduction des prix des billets.

 

Des avantages fiscaux pour les compagnies aérienne et hôtelières pourraient être également une piste à envisager pour baisser les coûts du transport.

 

Pour ceux qui habitent en France, Imaginez-vous un billet à 450 euros ?  Combien de fois allez-vous repartir au pays ? Seriez-vous encore motivé de dépenser votre argent en Europe ?

   

D’une façon plus globale, la question de rapatriement des fonds se pose, c’est-à-dire comment accompagner la diaspora à investir durablement dans tous les secteurs de l’économie.

Aujourd’hui d’après les recommandations du FMI, le Congo se doit de diversifier son économie ; et le secteur primaire peut être porteur de croissance en créant de la richesse sur le territoire, tout en créant de l’emploi et en améliorant les conditions de vie des populations.

 

Pour cela, il est nécessaire que l’Etat Congolais définisse un cadre de travail dans lequel les Banques accompagneront les investisseurs de la diaspora au Congo, car elles pourront en fonction des revenus d’un Congolais de la diaspora, octroyer un crédit destiné à un investissement. 

Un exemple suppose qu’un Congolais ayant un CDI (Contrat à durée Indéterminée en Italie) avec une capacité d’épargne de 100 euros par mois, pourrait par exemple demander un crédit de 10 millions de FCFA pour construire un petit appartement ou investir dans une société agricole.

 

Les Banques pourront également mettre à disposition la possibilité d’acheter des obligations d’Etat (Emprunt a Etat), ce qui pourrait permettre au Congo d’éviter de négocier sans cesse avec des établissements d’emprunts étrangers ou du moins diminuer les sommes empruntées.

Pourquoi endetter notre pays ? Alors qu’il y a des Congolais capables qui sont la ! prêts à aider le pays !

 

D’un point de vue des ressources, la diaspora pourrait également apporter une plus-value en termes de compétences car la grande majorité sont des techniciens et cadres qualifiés, ce qui de façon indiscutable aurait un apport dans le secteur privé mais aussi dans la gestion des services publics.

 

Le transfert des compétences pourrait donc se faire par la diaspora et de cette manière baisser les coûts des sociétés locales et les dépenses de l’Etat, qui pour les grands dossiers fait systématiquement appel à des sociétés étrangères qui coutent très chers au Trésor.

 

Sur le plan politique, je pense qu’il faudrait donner une possibilité à la diaspora de s’exprimer au parlement en enrichissant ainsi la vision de cette instance. Cela permettra aux Congolais de l’étranger de s’impliquer réellement dans la situation politique, économique et sociale. A cet effet, il faudra créer une circonscription des congolais de l’étranger.

 

Tous les points économiques listés ci-dessus ne peuvent être mis en œuvre que si la situation politique est stable et si les Congolais prennent conscience de la nécessité de la construction d’un Etat fort.

Personne ne va investir au pays sachant que la justice n’est pas juste, que la paix n’est pas durable, que la police ne fait pas son travail, etc…Cela pourrait se traduire par la nécessité de d’avoir un climat des affaires stable.

 

Le classement "Doing Business" classe 190 pays par rapport à leur facilité à faire des affaires.

Créé en 2002 par le groupe de la banque mondiale, ce classement mesure la réglementation des affaires et son application effective dans 190 économies et dans certaines villes au niveau infranational et régional.

 

A noter qu’en 2019 le Congo est classé 180ième (https://www.doingbusiness.org/en/rankings) ce qui devrait demander une attention particulière à nos autorités.

 

Malgré les déceptions que nous avons quotidiennement, n’oublions pas que le Congo Brazzaville, c’est notre pays et nous avons le devoir de contribuer à le rendre meilleur pour nous et  les futurs générations.

 

Frédéric Louvosso



23/10/2020
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